Dean Potter est mort en 2015 en pratiquant du BASE jump, un sport qui consiste à sauter d’une falaise avec un parachute et sans parachute de secours. Une seule erreur pendant la chute libre ou lors du pliage du parachute peut vous tuer. Il était également connu pour faire du free solo et de la slackline sans sécurité. De tels sports à risque peuvent sembler fous. En fait, beaucoup de gens sont prompts à dire “c’est de la folie” à propos de ce que Dean faisait.
Une partie importante du contenu de The Warrior’s Way est que nous savons quelque chose lorsque nous l’avons expérimenté, et non lorsque nous y pensons. Penser constitue une connaissance intellectuelle. Pratiquer une activité transforme la connaissance intellectuelle en connaissance expérientielle.
Lorsque des personnes extérieures voient une activité telle que le BASE jump, le free solo ou même l’escalade, elles regardent du seul point de vue de la connaissance intellectuelle. Plus une activité est en dehors de notre zone de confort, moins nous la connaissons et plus nous sommes susceptibles de la cataloguer comme folle. Inversement, plus une activité est proche de notre zone de confort, plus nous la connaissons et moins nous sommes susceptibles de la cataloguer comme folle. Le BASE jump était proche de la zone de confort de Dean ; il ne le cataloguait pas comme fou.
Alors, qui est vraiment fou ici ? Cataloguer de fou quelque chose dont nous n’avons aucune connaissance est fou. C’est la personne extérieure qui est fou, pas le participant à l’activité. L’esprit est responsable de cette tendance. Il nous trompe. L’esprit a peur du stress et cherche des moyens de justifier le fait de rester dans sa zone de confort. Lorsqu’il voit d’autres personnes pratiquer des activités ambitieuses, il doit se protéger. Pour ce faire, il critique les autres et catalogue ce qu’ils font de fou.
L’esprit est malade. Il a besoin d’apprendre afin de soigner sa maladie. Mais, plutôt que de se concentrer sur son propre apprentissage, l’esprit se cache dans sa zone de confort et émet des opinions sur les raisons pour lesquelles les autres ne devraient pas vivre la vie qu’ils ont choisie de vivre. L’esprit est jaloux de ce que les autres ont accompli et a peur de ne pas pouvoir en faire autant.
L’esprit a également de la difficulté avec la mort. Il considère qu’une longue vie a plus de valeur qu’une courte vie, même si cette longue vie est vécue dans la peur et est dénuée de sens. Le free soliste Michael Reardon avait l’habitude de dire que les free solistes ont un désir de vie, pas un désir de mort. Le free solo les place à la limite de la vie et de la mort, déplace leur attention dans l’instant présent, ce qui leur permet de se sentir le plus vivant possible. Ils veulent vivre, pas mourir. Mais ils veulent vivre aussi pleinement que possible.
L’une des objections des personnes extérieures à des activités telles que le BASE jump et le free solo est l’impact de la mort d’une personne sur ceux qu’elle laisse derrière elle, ses amis et sa famille. Il est facile de dire qu’il ne faudrait pas faire de free solo parce que l’on risque de mourir si l’on tombe. Mais il y a beaucoup de gens qui pensent que nous ne devrions pas faire d’escalade parce qu’ils ne comprennent pas les véritables conséquences de l’escalade. Nous pouvons régresser en restant chez nous et en ne nous aventurant pas à l’extérieur à cause de notre peur de la mort. Tout est une question de degré. Où fixer la limite de ce qui est trop risqué et qui doit fixer cette limite ?
La personne la mieux placée pour déterminer ce qui est trop risqué et où fixer la limite est celle qui participe à l’activité. Elle établit cette limite sur la base de son expérience et sait mieux que quiconque ce qui est approprié pour elle. La personne extérieure veut tracer cette ligne en fonction de ses peurs et de son manque de connaissances.
Nous avons besoin de prêter attention à notre processus d’apprentissage. Si nous le faisons, nous pouvons en apprendre davantage sur les raisons de notre peur de la mort, sur la façon de prendre des risques appropriés et sur la tendance de l’esprit à nous tromper. Nous ne voulons pas que quelqu’un interfère avec notre processus d’apprentissage, alors nous ne devrions pas interférer avec le processus d’apprentissage des autres. Dean n’était pas fou ; il a choisi de vivre pleinement sa vie.
Conseil Pratique : Pourquoi est-ce que je pense que c’est fou ?
Il y a beaucoup de choses que les gens font et qui nous semblent folles. Il ne doit pas nécessairement s’agir de quelque chose d’extrême comme le BASE jump ou le free solo. Il peut s’agir de l’alimentation d’une personne ou du fait de devoir affronter le trafic chaque jour pour se rendre au travail.
Voir de telles choses peut nous amener à dire “c’est fou”. N’oubliez pas que l’esprit est malade. Repérez-vous lorsque vous dites “c’est fou” et portez votre attention sur votre propre processus d’apprentissage. Demandez-vous : “Pourquoi est-ce que je pense que c’est fou ?”